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LIVRE PREMIER.

architectes. Peut-être aussi les modèles étaient-ils encore trop peu nombreux, et ne pouvait-on rien faire au milieu des désordres et des calamités qui affligeaient alors l’Italie. Au delà comme en deçà des Alpes, le xive siècle est écrasé par la gloire des deux autres siècles entre lesquels il est placé.

Il faut dire que Rome ne jouait pas encore son rôle dans le mouvement artistique. En proie à l’anarchie au xiiie siècle, peu sûre pour les papes qui, d’ailleurs, avaient plus de souci de maintenir le prestige de leur autorité temporelle sur les rois que d’embellir la cité pontificale, elle fut peu à peu délaissée par ses souverains et finalement abandonnée pour Avignon (1309-1377). Le retour de Grégoire XI, en partie dû aux instances de sainte Catherine de Sienne, envoyée à Avignon par les Florentins, n’eut d’abord aucune influence appréciable sur les arts ; pendant quarante ans, la papauté, moralement diminuée par son séjour en France, ébranlée par le grand schisme d’Occident, n’a pas trop de son énergie pour réparer les avaries faites à la barque de Pierre. Lorsque, avec Martin V (1417-1431), elle se sentira assez forte et assez respectée, ses regards se porteront alors vers la ville éternelle, vers ses monuments délabrés, ses rues mal percées, mal bâties, et en voulant embellir Rome, elle préparera à la rénovation en voie de s’accomplir de nouveaux aliments et de nouvelles ressources.

Il ne faudrait pas croire cependant que le xive siècle fut une époque de sommeil ; n’oublions pas que Pétrarque vécut alors et que c’est aussi le siècle où Giotto († 1356) inaugura à Florence la peinture moderne.