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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

ont pour théâtre les provinces voisines. L’union politique avec la France, à la fin du xve siècle, n’eut aucune influence sur l’architecture, dont l’esprit au contraire devint de plus en plus local. Et la raison de cet état de choses tient à deux causes différentes. La matière employée, qui est le granit, se prête difficilement à certaines combinaisons. Il faut, en bien des circonstances, qu’il s’agisse de la construction proprement dite ou de l’ornementation, plier devant des nécessités auxquelles on ne peut se soustraire. Les programmes également créent des conditions toutes nouvelles. Dans un pays où les architectes, contrairement à ce qui se voit ailleurs, ne sont appelés qu’à satisfaire aux besoins des fidèles, l’église elle-même est négligée, et les efforts se portent sur les accessoires, tels que clocher, porche et sacristie. En outre, autour du principal édifice s’en groupent d’autres, qui souvent acquièrent une grande importance. Nous voulons parler des ossuaires, des entrées de cimetières, des calvaires, des fontaines. L’ensemble de ces hors-d’œuvre, d’une exécution parfois assez grossière, est captivant ; le génie de la Bretagne s’en dégage tout entier.

En Normandie, la Renaissance, à la fois religieuse et civile, se distingue par une sorte d’exubérance qui n’exclut pas l’exquise finesse des détails. Architectes et sculpteurs, admirablement doués, se plaisent aux combinaisons hardies, cherchent à étonner, et finalement, tant il y a de grâce et d’élégance, enlèvent les suffrages. Les hôtels, non moins beaux et non moins nombreux que les châteaux, témoignent d’une richesse presque générale. La haute bourgeoisie, qui a gagné de l’argent