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LIVRE II.

mouvement. Les résistances qui se produisirent vinrent surtout des architectes, merveilleusement façonnés par des programmes séculaires et peu disposés à sacrifier des formules facilement utilisables. Maîtres et élèves se trouvaient également embarrassés, car si les premiers répugnaient à recommencer leurs études, les seconds, en dehors de l’Italie, qui les eût trop radicalement séparés des traditions nationales, ne savaient encore où aller puiser l’enseignement dont ils avaient besoin.

Aussi, par une conséquence logique, le système des voûtes à nervures, qui est le point de départ et la raison d’être de l’architecture gothique, fut-il le dernier ébranlé. On ne croyait pas pouvoir y toucher sans modifier le plan des églises, et c’est justement ce qui faisait la difficulté. Clergé et architectes se refusaient à innover sur un point si important. Du reste, l’occasion se présenta rarement de faire une application de principes. La seule grande église qui ait alors été bâtie de toutes pièces est Saint-Eustache de Paris. En général, tout se borna à faire ou refaire ici un chœur, là un clocher, plus rarement une nef ou une façade. Les cathédrales dont la construction ne dépassait guère le transept restèrent en cet état. Les travaux de longue haleine avaient cessé d’être du goût des évêques et si, quelques-uns se décidèrent à dépenser noblement les revenus dont ils pouvaient disposer, leur choix se porta plus volontiers sur des remaniements, des compléments faciles, des œuvres d’art proprement dites, comme retables, jubés, clôtures et tombeaux. Ce n’est plus l’ère des cathédrales, c’est encore moins celle des églises monastiques ; le principal et presque unique effort se porta sur les églises