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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

pit pas entièrement avec le passé. Et, par un retour des choses, tandis que c’était l’orfèvrerie qui s’inspirait auparavant de l’architecture, ce fut l’architecture qui puisa dès lors ses inspirations dans l’orfèvrerie. Aussi donna-t-on au nouveau style le nom de plateresco, dérivé du mot platero, qui signifie orfèvre. Berruguete, comme on le suppose bien, ne parvint pas tout de suite à donner une nouvelle direction au goût de ses compatriotes, et beaucoup de monuments continuèrent à étaler l’exubérante richesse particulière au plateresque. Citons seulement la cathédrale de Grenade (1529-1560), la cathédrale de Ségovie, l’église de San Domingo, à Salamanque, et l’entrée principale du monastère de San Marcos, à Léon. Parmi les architectes les plus dignes d’être nommés, il ne faut pas oublier un Français, Philippe Vigarny ou de Bourgogne, qui, en dépit de son origine, comme tous ceux autour de lui se montra trop enclin à sacrifier la simplicité à l’abondance, l’élégance à la variété. C’est ce qui explique, du reste, l’enthousiasme des Espagnols pour son œuvre principale, la lanterne de la cathédrale de Burgos, commencée en 1539.

L’amour du faste, de tout ce qui frappe les yeux et éblouit l’esprit, eut pour conséquence la grande importance donnée à certains détails tandis que l’ensemble était négligé. Instinctivement ou par réflexion l’attention est portée sur un point que l’on développe aux dépens de ce qui l’entoure, que l’on s’efforce d’embellir par toutes les ressources de l’art à sa disposition. Aussi n’est-il pas rare de trouver quelques-