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LIVRE PREMIER.

de Polyphile[1], livre qui, en Italie comme en France, par ses gravures aussi bien que par la manière dont le sujet est traité, eut une grande influence sur le mouvement des arts. C’est là également que, durant son épiscopat, l’humaniste Ermolao (Hermolaüs) Barbaro fit peindre dans son palais des scènes où les personnages se détachent sur des monuments antiques.

Venise, cité marchande, subit la Renaissance plus qu’elle ne l’accepte. Chez elle, les traditions byzantines d’une part, de l’autre celles de l’ère gothique sont tellement enracinées que l’art nouveau trouve des difficultés à se frayer un chemin. On aime le luxe, mais en parvenu plutôt qu’en grand seigneur ; la règle et le goût manquent à la fois et l’on ne s’occupe guère du style. Cependant, avec la famille des Lombardi, qui ne compte pas moins de trois architectes éminents, les choses à la longue changèrent un peu. Venise posséda un genre original qui, du nom de ses auteurs, prit le nom d’architettura lombardesca. Citons également, parmi les novateurs, Alessandro Leopardi et surtout Antonio Bregno, surnommé Riccio ou Rizzo († 1498), qui reconstruisit ou restaura une grande partie du palais des Doges.

Gênes, la rivale de Venise, secoue à peine le moyen âge. Il en est de même du Piémont, partout où règnent les maisons de Savoie et de Montferrat.

À Milan, le dernier des Visconti, Philippe-Marie,

  1. Hypnerotomachia Polyphili. L’édition originale, publiée à Venise en 1499, est un des premiers ouvrages sortis des presses d’Alde Manuce. Une traduction française, due à J. Martin, parut à Paris, chez Kerver, en 1546.