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qu’elles représentent, de sorte qu’en les voyant on puisse connoître ce qu’elles pensent et ce qu’elles veulent dire. Pour imaginer sans peine ces attitudes convenables, il n’y a qu’à considérer attentivement les gestes que font les muets, lesquels expriment leurs pensées par les mouvemens des yeux, des mains, et de tout le corps. Au reste, vous ne devez point être surpris que je vous propose un maître sans langue pour vous enseigner un art qu’il ne sait pas lui-même, puisque l’expérience peut vous faire connoître qu’il vous en apprendra plus par ses actions que tous les autres avec leurs paroles et leurs leçons. Il faut donc qu’un Peintre, de quelque école qu’il soit, avant que d’arrêter son dessin, considère attentivement la qualité de ceux qui parlent, et la nature de la chose dont il s’agit, afin d’appliquer à propos à son sujet l’exemple d’un muet que je propose.


CHAPITRE LI

Qu’il faut éviter la dureté des contours.

Ne faites point les contours de vos figures d’une autre teinte que de celle du champ où elles se trouvent, c’est-à-dire, qu’il ne