Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/109

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objets, vous pourrez vous en assurer par la pratique suivante : Tenez la main à quelque distance de votre visage, de sorte qu’ayant un doigt élevé et dressé, le bout de ce doigt réponde au haut de la tête de celui que vous regardez, et vous verrez que votre doigt couvre non-seulement son visage en longueur, mais même une partie de son corps ; ce qui est une preuve évidente de la diminution apparente de l’objet.


CHAPITRE LIII.

D’où vient que les choses peintes ne peuvent jamais avoir le même relief que les choses naturelles.

Les Peintres assez souvent se dépitent contre leur ouvrage, et se fâchent de ce que, tâchant d’imiter le naturel, ils trouvent que leurs peintures n’ont pas le même relief, ni la même force que les choses qui se voient dans un miroir ; ils s’en prennent aux couleurs, et disent que leur éclat et la force des ombres surpassent de beaucoup la force des jours et des ombres de la chose qui est représentée dans le miroir ; quelquefois ils s’en prennent à eux-mêmes, et attribuent à leur ignorance un effet purement naturel,