Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/169

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à notre hauteur, parce qu’à celles dont les hauteurs sont inégales, la même règle ne s’y garde pas, étant situées dans les portions d’air, dont la diverse épaisseur les altère et les affoiblit diversement.


CHAPITRE CVIII.

Comment il se pourra faire qu’une couleur ne reçoive aucune altération, étant placée en divers lieux où l’air sera différent.

Une couleur ne changera point, quoique transportée en divers lieux où l’air a différentes qualités, quand la distance et la qualité de l’air seront réciproquement proportionnées, c’est-à-dire, quand autant que l’une s’affoiblit par l’éloignement de l’œil, elle est fortifiée par la pureté et la subtilité de l’air : en voici la preuve. Si on suppose que le premier air ou le plus bas, ait quatre degrés de densité ou d’épaisseur, et que la couleur soit éloignée d’un degré de l’œil, et que le second air, qui est plus haut, ait trois degrés de densité seulement, en ayant perdu un degré, redonnez à la couleur un degré sur la distance, et quand l’air qui est plus haut aura perdu deux degrés de sa densité, et que la couleur aura gagné deux