Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/196

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nent tant à la beauté des couleurs, qu’ils n’y mettent presque point d’ombres, et celles qu’ils mettent sont toujours très-légères et presque insensibles ; ces Peintres, au mépris de notre art, ne font point de cas du relief que les ombres fortes donnent aux figures. Ils sont en cela semblables à ces beaux parleurs, qui ne disent rien qui soit à propos.


CHAPITRE CXLV.

Des changemens qui arrivent aux couleurs de l’eau de la mer, selon les divers aspects d’où elle est vue.

La mer, quand elle est un peu agitée, n’a point de couleur universelle qui soit la même par-tout : car de dessus la terre elle nous paroît obscure, et vers l’horizon on y voit quelques vagues blanches d’écume et luisantes qui se remuent lentement, comme des moutons dans un troupeau ; ceux qui étant en haute mer la considèrent, ils la voient bleuâtre : or, ce qui fait que de terre elle semble obscure, c’est parce qu’elle a l’effet d’un miroir, dans lequel l’obscurité de la terre est représentée ; et en haute mer l’eau paroît bleue, parce que nous y voyons