Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/407

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raisons, confus et peu arrêtés dans leurs contours ; la première est qu’ils viennent à l’œil sous un angle si petit, qu’ils font une impression toute semblable à celle que font les petits objets, tels que sont les ongles des doigts, les corps des insectes, dont on ne sauroit discerner la figure. La seconde est qu’entre l’œil et les objets éloignés, il y a une si grande quantité d’air qu’elle fait corps ; et cette grande quantité d’air a le même effet qu’un air épais et grossier qui par sa blancheur ternit les ombres, et les décolore en telle sorte, que d’obscures qu’elles sont, elles dégénèrent en une couleur bleuâtre, qui est entre le noir et le blanc.

Quoiqu’un grand éloignement empêche de discerner beaucoup de choses, néanmoins celles qui seront éclairées du soleil feront toujours quelque impression ; mais les autres qui ne sont pas éclairées demeureront enveloppées confusément dans les ombres, parce que cet air est plus épais et plus grossier à mesure qu’il approche de la terre : les choses donc qui seront plus basses paroîtront plus sombres et plus confuses, et celles qui sont plus élevées paroîtront plus distinctes et plus claires.

Quand le soleil colore de rouge les nuages