Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/437

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dans le vif par des ombres trop cochées et plus profondes que ne peut être la superficie du corps qu’elles couvrent ; mais qu’en effet la draperie soit accommodée et jetée de telle sorte, qu’elle ne paroisse pas un habillement sans corps ; c’est-à-dire, un amas d’étoffes, ou des habits dépouillés et sans soutien, comme on le voit faire à plusieurs Peintres, qui se plaisent tant à entasser une grande quantité de plis, qui embarrassent leurs figures, sans penser à l’usage pour lequel ces étoffes ont été faites, qui est d’habiller et de couvrir avec grace les parties du corps sur lesquelles elles sont, et non pas de l’en charger et de l’en accabler, comme si ce corps n’étoit qu’un ventre, ou que tous ses membres fussent autant de vessies enflées sur les parties qui ont du relief. Je ne veux pas dire néanmoins que l’on doive négliger de faire quelques beaux plis sur les draperies ; mais il faut qu’ils soient placés et accommodés judicieusement aux endroits de la figure, où les membres, par la position ou par l’action qu’ils font entre eux, ou par l’attitude de tout le corps, ramassent cette draperie ; et sur-tout qu’on prenne garde dans les histoires et dans les compositions de plusieurs figu-