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L’ALLEMAGNE DEPUIS LEIBNIZ.

nation. » Cela n’est pas de la satire, ajoute Müller, c’est de l’histoire. Il est vrai ; mais l’histoire dit aussi que l’Allemagne s’accommodait de cet état politique sans trop de peine. En serait-elle sortie aussi vite sans les secousses de la Révolution, et sans les dures leçons de l’occupation française ?

II

Vers le milieu du xviiie siècle, l’Allemagne comptait déjà un plus grand nombre de publications périodiques qu’aucun autre pays. Mais c’étaient surtout des revues littéraires ou morales, plus ou moins analogues au Spectator, leur ancêtre commun. Hebdomadaires ou mensuelles en général, elles s’adressaient à un public restreint, toujours le même. La presse politique existait à peine. Il n’y avait encore pour une telle presse ni public, ni liberté. Le journalisme n’était pas une profession reconnue, je dirais presque, avouable. Les gens qui faisaient métier d’écrire dans les gazettes étaient par cela même suspects, et soumis à un régime à la fois spécial et indéterminé. Ils dépendaient du bon plaisir de l’autorité, et elle en usait avec eux à sa guise. Comme c’étaient ordinairement des gens sans conséquence, elle ne se croyait tenue envers eux à aucun ménagement. Par suite, les journaux soi-disant politiques ne contenaient rien, ou presque rien. De quoi auraient-ils parlé ? La politique intérieure, dans la plupart des petits États, n’offrait aucun intérêt. Dans les grands, il valait mieux ne