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Convergences des développements linguistiques.



Quand une langue se différencie, comme l’ont fait par exemple à date historique le latin et l’arabe, les résultats de la différenciation varient à l’infini dans le détail matériel des faits, mais les lignes générales du développement sont la plupart du temps les mêmes. Si donc les ressemblances que présentent aujourd’hui les langues néo-latines ou les langues néo-arabes entre elles proviennent en partie de ce que ces langues ont conservé à un certain nombre d’égards l’état latin ou l’état arabe ancien, leurs ressemblances proviennent aussi en partie de ce qu’elles ont modifié dans un même sens l’état de choses ancien.

Quand on envisage le développement linguistique durant une période plus étendue, on observe des faits analogues.

L’indo-européen commun se parlait à une date relativement ancienne qui ne saurait être postérieure au début du second millénaire avant l’ère chrétienne ; il n’est pas attesté en fait, mais la comparaison du sanskrit, de l’ancien iranien, du grec, du latin, du slave, etc., en donne une idée assez précise. Entre l’indo-européen et les langues actuellement parlées qui sont des formes prises par cet idiome au cours du temps, comme le français, l’anglais, le persan, il y a des différences de détail infinies. Dans ces langues modernes, on ne reconnaît plus au premier abord l’unité d’origine, qui est certaine ; mais elles offrent des concordances frappantes dans leur structure générale.

L’arabe vulgaire, tel qu’on le parle aujourd’hui du Maroc à l’Égypte et à la Syrie, se distingue partout d’une même manière du sémitique commun, dont la comparaison du vieux babylonien, de l’arabe classique, de l’hébreu, etc., permet de restituer en une cer-