Page:L’Étourdi, 1784.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
98
L’ÉTOURDI.


LETTRE XIX.

Mépriſe de lit.


JE voyageais à cheval ; j’eus pendant les deux premiers jours, le plus beau temps du monde, mais le troiſieme, il s’éleva un vent très-violent, & la pluie fut ſi abondante, & les chemins furent tellement gâtés que tout ce que je pus faire fut d’arriver fort tard à Beaucaire. Accablé de fatigue, mourant de faim, & mouillé juſque’aux os, il ne me fut pas poſſible, quelque envie que j’en euſſe, d’aller plus loin.

La foire qui ſe tenait dans ce temps là, & qui eſt une des plus belles du Royaume, & des plus conſidérables de l’Europe, rempliſſait la ville d’un ſi grand nombre d’étrangers, que je ne pus me procurer un lit, quelque prix que j’en offriſſe. Après avoir parcouru de rue en rue toute la ville, je revins à la premiere hôtellerie où je m’étais arrêté, & je conjurai l’hôte de me procurer un gîte.