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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Oh ! bougres de fous, sans gouverne aucune,
Quand verrez-vous venir les bons numéros ?
Jamais, je crois, joueriez-vous éternellement.

Si vous n’avez plus de sous, que vous trouvez le terne :
C’est seulement quand vous cherchez dans vos culottes
À savoir, votre cas et les deux témoins.


SUR LE JUGEMENT PRONONCÉ CONTRE LA N. E. LUCREZIA
CORNER PISANI

Des prudents juges de L’Aréopage,
Tant était grand le zèle à rendre la justice,
Qu’ils se mettaient un voile sur la face,
Pour ne pas voir les parties en litige.

Ils savaient de longue main, ces sages,
Qu’ému par quelque joli museau,
Pouvait se gonfler leur oiseau,
Et ne plus tenir compte des arguments.

J’approuve complètement cet ancien usage,
Car peut écarter de la droiture un juge,
Beaucoup plus que l’or, la vue d’un beau visage.

Par Dieu ! si aujourd’hui ils avaient vu celui-ci,
Non seulement leur serait venu l’envie
De lui donner leurs ballottes, mais le reste avec.