Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/138

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vieux paraissent idiots ; ceux-ci sont nus, ceux-là couverts de peaux de bêtes étranges.

Celui-ci galope sur un destrier sans frein ; celui-là va lentement, monté sur un âne ou sur un bœuf. Cet autre grimpe sur la croupe d’un centaure. Beaucoup ont sous eux des autruches, des aigles ou des grues. Quelques-uns ont une corne à la bouche, d’autres une coupe. Les uns sont femelles, les autres mâles ; d’autres sont des deux sexes. Celui-ci porte un croc et celui-là une échelle de corde ; un autre est armé d’un pal en fer, un quatrième tient une lime sourde.

Le capitaine de ces créatures avait le ventre gonflé et le visage gras. Il se tenait sur une tortue qui s’avançait à pas très lents. Il avait de chaque côté quelqu’un pour le soutenir, car il était ivre, et il tenait les yeux baissés. D’autres lui essuyaient le front et le menton ; d’autres enfin agitaient des plumes pour l’éventer.

Un d’eux, qui avait les pieds et le ventre de forme humaine, et le cou, les oreilles et la tête d’un chien, se mit à aboyer contre Roger, afin de le faire entrer dans la belle cité qu’il avait laissée derrière lui. Le chevalier répondit : « Je n’en ferai rien, tant que ma main aura la force de porter celle-ci », et il lui montra son épée, dont il avait dirigé la pointe aiguë contre son visage.

Ce monstre veut le frapper d’un coup de lance, mais Roger se précipite sur lui, et, d’un seul coup, lui traverse la panse et fait ressortir son épée d’une palme derrière son dos. L’écu au bras, il se jette