Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/14

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De cinq que nous sommes, Charles est dans le royaume d’où les Turcs ont chassé mon Cléandre, et il a le dessein d’y rester quelque temps.

Galas sollicite, dans la cité d’Évandre, la permission de porter la chemise sur la simarre ; et toi, tu es allé vers le Seigneur, ô Alexandre.
Voici Gabriel ; mais que veux-tu qu’il fasse, étant, depuis l’enfance, resté, par malechance, estropié des jambes et des bras ?
Il ne fut jamais en place ni en cour.

Le patrimoine était mince pour élever toute cette nombreuse famille. Les ancêtres d’Arioste ne s’étaient point enrichis dans le négoce ou par les trafics :

Jamais Mercure n’a été trop ami des miens.

Aussi lui advint-il, comme jadis à Ovide, et à tant d’autres depuis, d’avoir à lutter contre la volonté paternelle pour se livrer à l’étude des belles-lettres où le poussaient ses goûts et comme la prescience de son génie. C’est ce dont il se plaint en ces termes à son ami Bembo :

Hélas ! quand j’eus l’âge convenable pour goûter au miel Pégaséen, alors que mes joues fraîches ne se voyaient pas encore fleuries d’un seul poil,
Mon père me chassa avec les épieux et les lances, et non pas seulement avec les éperons, à compulser textes et gloses, et m’occupa cinq ans à ces sottises.

Après cinq ans d’essais infructueux et de luttes