Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/242

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jaunes, bleues, azurées ou rouges, de toutes les couleurs imaginables enfin, qu’elle avait l’habitude de porter. Cette humble enveloppe ne peut cependant l’empêcher de ressembler à une belle et noble dame.

Qu’il se taise, celui qui loue Philis, ou Nérée, ou Amaryllis, ou Galatée qui fuit. O Tityre et Mélibée, avec votre permission, aucune d’elles ne l’égalait en beauté. La belle dame prit, parmi le troupeau de juments, celle qui lui convint le plus. Alors lui revint plus vivace le désir de retourner en Orient.

Pendant ce temps, Roger, après avoir cherché pendant longtemps en vain dans l’espoir de découvrir Angélique, s’apercevant enfin de son erreur et qu’elle s’était éloignée et ne l’entendait plus, était retourné à l’endroit où il avait laissé son cheval, pensant reprendre son voyage au ciel et sur terre. Mais il se trouva que le cheval, s’étant débarrassé du mors, s’élevait dans les airs en pleine liberté.

Roger fut très affecté, après sa déception, de se voir encore séparé du cheval-oiseau. Cette nouvelle mésaventure, non moins que la tromperie de femme dont il a été victime, lui oppresse le cœur. Mais ce qui lui pèse plus que l’une et l’autre, et ce dont il éprouve un sérieux ennui, c’est d’avoir perdu le précieux anneau, non pas tant à cause du pouvoir qui est en lui, que parce qu’il lui avait été donné par sa dame.

Tout dolent, il endossa de nouveau ses armes et remit l’écu à son épaule. Puis il s’éloigna de la