Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/273

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Après qu’elle l’eut contemplée quelque temps, saisie d’horreur et d’épouvante, le résultat lui en parut aussi dangereux pour elle d’un côté comme de l’autre. Une nouvelle pensée lui vient alors à l’esprit ; elle se décide à enlever le casque pour voir ce que feront les deux guerriers quand ils s’apercevront qu’il a été enlevé ; elle a toutefois la pensée de ne pas le garder longtemps.

Elle a bien l’intention de le rendre au comte, mais elle veut auparavant s’en amuser un peu. Elle détache le casque, puis elle s’éloigne sans rien leur dire. Elle était déjà loin, avant que l’un d’eux se fût aperçu du larcin, tellement l’un et l’autre étaient embrasés de colère.

Mais Ferragus, ayant le premier levé les yeux, s’écarte de Roland et lui dit : « Vois, le chevalier qui était avec nous nous a traités comme des dupes et des sots ! Quel prix le vainqueur retirera-t-il de sa victoire, puisque celui-ci nous a volé le beau casque ? » Roland s’arrête et jette les yeux sur la branche d’arbre ; il n’y voit plus le casque, et il est tout enflammé de colère.

Comme Ferragus, il conclut que c’était le chevalier qui était auparavant avec eux qui l’avait emporté. Tournant la bride, il fait sentir les éperons à Bride-d’Or. Ferragus, le voyant s’éloigner du champ de bataille, le suivit. Ils arrivèrent bientôt à un endroit où apparaissaient sur l’herbe les traces nouvelles du Circassien et de la donzelle.

Le comte prit sa route à gauche, vers une