Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/298

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naître ma belle descendance masculine pendant de nombreuses années ; dis-moi, de même, si, de ma race, il existera quelque dame digne d’être mise au nombre des femmes belles et vertueuses. » Et la complaisante magicienne lui répondit :

« Je vois sortir de toi les dames pudiques, mères d’empereurs et de rois puissants ; réparatrices et soutiens solides de familles illustres et de vastes domaines, et non moins remarquables sous leur robe, par leurs précieuses qualités, leur piété, leur grand cœur, leur sagesse, leur souveraine et incomparable continence, que les chevaliers sous leurs armures.

« Et si j’avais à te parler de chacune de celles qui seront l’honneur de ta race, ce serait trop long, car je n’en vois aucune que je dusse passer sous silence. Mais je ferai, entre mille, choix d’un ou deux couples, afin de pouvoir arriver jusqu’au bout. Que ne m’as-tu fait cette demande dans la caverne de Merlin ? Je t’aurais fait voir aussi leurs images.

« De ton illustre souche sortira l’amie des œuvres illustres et des beaux travaux ; je ne sais pas ce que je dois le plus louer, de la grâce et de la beauté, ou de la sagesse et de la chasteté de la libérale et magnanime Isabelle, dont l’éclatante lumière fera nuit et jour resplendir la ville située sur le Mincio, et à laquelle la mère d’Ocnus a donné son nom.

« Elle luttera, avec son digne époux, à qui prisera et aimera le plus la vertu, et à qui aura le plus de