Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/311

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L’armée africaine n’avait pas de guerrier plus fort et plus audacieux que celui-là. Les défenseurs de Paris le redoutaient plus que Marsile, qu’Agramant et les chevaliers qui avaient suivi ces deux princes en France. Plus qu’aucun autre, il faisait parade de haïr notre Foi.

Puis viennent Prusion, roi des Alvaraches, et Dardinel, roi de Zumara. Je ne sais si des hiboux ou des corneilles, ou d’autres oiseaux de mauvais augure, perchés sur les toits ou croassant sur les branches, ont prédit à ces deux guerriers leur sort funeste, mais le ciel a fixé l’heure de leur mort à tous deux dans le combat qui doit se livrer le jour suivant.

Il ne restait plus à défiler que ceux de Trémisen et de Noricie,mais on n’apercevait pas leurs étendards, et l’on n’en avait pas de nouvelles. Agramant ne savait que dire, ni que penser de ce retard, lorsque fut enfin amené devant lui un écuyer du roi de Trémisen, qui lui raconta tout ce qui était arrivé.

Il lui raconta qu’Alzirde, Manilard et la plus grande partie de leurs soldats gisaient dans la poussière : « Seigneur — lui dit-il — le vaillant chevalier qui a occis les nôtres, aurait tué toute la troupe, si j’avais tardé à m’enfuir ; et encore ai-je eu grand’peine à m’échapper. Il fait des cavaliers et des piétons, ce que le loup fait des chèvres et des moutons. »

Peu de jours auparavant, était arrivé à l’armée du roi d’Afrique un chevalier dont personne, dans