Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/320

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si courtois, qu’ils en furent enchantés. Ce n’est pas seulement dans les villes et dans les châteaux que l’on trouve des gens hospitaliers, mais souvent aussi dans les cabanes et les chaumières.

Que se passa-t-il pendant la nuit entre Doralice et le fils d’Agricant ? Je ne me hasarde pas à le raconter, et je laisse chacun penser ce qu’il voudra. On peut croire cependant qu’ils furent tout à fait d’accord, car ils se levèrent le lendemain plus allègres, et Doralice rendit grâces au pasteur qui leur avait fait les honneurs de sa maison.

Errants ainsi d’un endroit à un autre, ils arrivèrent enfin sur les bords d’un fleuve qui descendait silencieusement vers la mer, et si lentement qu’on n’aurait su dire s’il coulait ou si ses eaux étaient stagnantes. Il était si clair et si limpide, que la lumière du jour pénétrait sans obstacle jusqu’au fond. Sur sa rive, à l’ombre fraîche et douce, ils trouvèrent deux chevaliers et une damoiselle.

Mais la haute fantaisie, qui ne me permet pas de suivre toujours le même sentier, m’entraîne loin de là, et veut que je retourne vers l’armée mauresque qui assourdit la terre de France de sa rumeur et de ses cris, tout autour de la tente où le fils du roi Trojan défie le Saint-Empire, et où Rodomont, plein d’audace, se vante de brûler Paris et de détruire Rome la Sainte.

Le bruit étant parvenu aux oreilles d’Agramant que les Anglais avaient déjà passé la mer, il fit appeler Marsile, le vieux roi de Garbe et les autres capitaines. Tous conseillent de faire un suprême