Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/331

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de quel côté Agramant doit donner l’asaaut ; le Sarrasin ne forme pas un projet sans qu’il ne soit immédiatement déjoué. Marsile, avec Ferragus, Isolier, Serpentin, Grandonio, Falsiron, Balugant et les guerriers qu’il a amenés d’Espagne, se tenaient dans la campagne tout armés.

Sobrin était à sa gauche, sur la rive de la Seine, avec Pulian, Dardinel d’Almonte et le roi d’Oran, à la stature de géant et long de six palmes des pieds à la tête. Mais pourquoi suis-je moins prompt à mouvoir ma plume que ces guerriers à se servir de leurs armes ? Le roi de Sarse, plein de colère et d’indignation, crie et blasphème, et ne peut rester en place.

De même que, dans les jours chauds de l’été, les mouches importunes ont coutume de se jeter sur les vases rustiques ou sur les restes des convives, avec un bruit d’ailes rauque et strident ; de même que les étourneaux s’abattent sur les treilles rouges de raisins mûrs, ainsi, remplissant le ciel de cris et de clameurs, les Maures se ruaient tumultueusement à l’assaut.

L’armée des chrétiens est sur les remparts ; inaccessibles à la peur, et dédaignant l’orgueilleuse témérité des barbares, ils défendent la ville avec les épées, les lances, les pierres et le feu. Quand l’un d’eux est tué, un autre prend sa place. Il n’en est point qui, par lâcheté, quitte le lieu du combat. Sous la furie de leurs coups, ils rejettent les Sarrasins au fond des fossés.

Ils ne s’aident pas seulement du fer ; ils