Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/5

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Préface du traducteur

Si Arioste ne nous avait laissé que ses comédies et, son livre de satires, quel que soit le mérite de ces ouvrages, de quelque renommée qu’ils aient joui jadis, il est certain que le nom de leur auteur serait depuis longtemps sinon oublié, du moins confondu dans la foule des écrivains de son époque : les Berni, les Trissin, les Bembo, les Molîa, les Sadolet, les Alamani, les Rucellai, et tutti quanti. Heureusement pour Arioste et pour nous, son poème de Roland furieux l’a mis hors rang, à ce point que Voltaire, après l’avoir tout d’abord proclamé l’égal de Virgile, finit par le placer au-dessus d’Homère. Ne va-t-il pas jusqu’à dire, dans son Essai sur le poème épique, à l’article Tasse : « Si on lit Homère par une espèce de devoir, on lit et on relit Arioste pour son plaisir. » Le blasphème est manifeste. Homère est le poète souverain auquel nul ne saurait