Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/59

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de son chemin et se retrouve dans une forêt obscure, au milieu de laquelle se dressait une montagne dont la cime dénudée était terminée par un dur rocher ; et la fille du duc de Dordogne est toujours sur ses pas et ne le quitte point.

Dès que le Mayençais se voit dans le bois, il pense à se débarrasser de la dame. Il dit : « Avant que le ciel devienne plus sombre, il vaut mieux nous diriger vers un logement ; par delà cette montagne, si je la reconnais bien, s’élève un riche château au fond de la vallée. Toi, attends ici ; du haut du rocher nu, je veux m’en assurer de mes yeux. »

Ainsi disant, vers la plus haute cime du mont solitaire il pousse son destrier, regardant s’il n’aperçoit aucun chemin qui puisse le soustraire aux recherches de Bradamante. Tout à coup il trouve dans le rocher une caverne de plus de trente brasses de profondeur. Le rocher, taillé à coups de ciseau, descend jusqu’au fond à droite, et une porte est au bas.

Dans le fond, il y avait une porte ample et vaste qui, dans une cavité plus grande, donnait entrée. Au dehors s’en échappait une splendeur, comme si un flambeau eût brûlé au milieu de la montagne creuse. Pendant que le félon surpris se tient en cet endroit sans dire mot, la dame qui de loin le suivait, — car elle craignait de perdre ses traces, — le rejoint à la caverne.

Quand il voit arriver celle que d’abord il avait en vain résolu d’abandonner ou de faire périr, il