Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hors du droit chemin, ni qu’aucun d’eux fasse jamais tort à autrui, à moins qu’il n’ait tout d’abord reçu quelque injure. Satisfait de cette sagesse, le grand Moteur ne leur posera aucune limite ; mais ils iront prospérant toujours de plus en plus, tant que le ciel tournera autour de son axe.

« Vois Léonello, et vois le premier duc, gloire de son époque, l’illustre Borso, qui, régnant en paix, obtiendra plus de triomphes qu’il n’en aurait recueilli sur les terres d’autrui. Il enfermera Mars dans un endroit où il ne puisse voir le jour, et liera à la Fureur guerrière les mains derrière le dos. L’unique pensée de ce prince remarquable sera de faire vivre son peuple heureux.

« Vient maintenant Hercule, avec son pied à demi brûlé et ses pas débiles, qui reproche à son voisin, dont à Budrio il a protégé et rallié l’armée en fuite, de lui avoir ensuite, pour récompense, fait la guerre et de l’avoir chassé jusqu’aux frontières de Barco. Celui-ci est le prince à propos duquel je ne saurais décider s’il y a plus de gloire à acquérir dans la paix que dans la guerre.

« Les habitants de la Pouille, des Calabres et de la Lucanie garderont de ses faits une longue mémoire ; il tirera une gloire sans égale de son combat singulier avec le roi des Catalans, et, par plus d’une victoire, se fera un nom parmi les capitaines invincibles. Sa valeur lui vaudra le trône plus de trente années avant qu’il lui soit dû.

« Et autant qu’on peut avoir d’obligation à un prince, sa cité lui en aura. Et ce ne sera pas pour