Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/90

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par où l’on monte au château, à la porte duquel ils arrivent enfin.

Sur le seuil, Atlante soulève une pierre où sont gravés des caractères et des signes étranges. Deux vases sont dessous en forme de marmites, qui jettent constamment de la fumée, ayant dans leur intérieur un feu caché. L’enchanteur les brise, et soudain la colline redevient déserte, inhabitée et inculte ; on ne voit plus d’aucun côté ni mur ni tour, comme si jamais un château n’eût existé en cet endroit.

Alors le magicien se délivre de la dame comme fait souvent la grive qui s’échappe du filet ; et avec lui disparaît subitement le château, laissant en liberté la compagnie qu’il contenait. Les dames et les chevaliers se trouvèrent hors des superbes appartements, en pleine campagne, et beaucoup d’eux en furent fâchés, car cette mise en liberté les privait de grands plaisirs.

Là est Gradasse, là est Sacripant, là est Prasilde, le noble chevalier qui vint du levant avec Renaud ; avec lui est Iroldo, et tous deux font une vraie paire d’amis. Enfin, la belle Bradamante y retrouve son Roger si désiré, lequel, après l’avoir reconnue, lui fait un bon et très reconnaissant accueil.

Plus que ses yeux, plus que son cœur, plus que sa propre vie, Roger l’aima du jour où, ayant levé son casque pour lui, elle fut blessée grâce à cette circonstance. Il serait trop long de dire comment et par qui, et combien longtemps, par la forêt sauvage et déserte, ils se cherchèrent ensuite nuit