Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/98

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sin vers un vallon d’où partaient ces cris, et, entre deux misérables, ils voient une donzelle qui, de loin, paraissait très belle,

Mais qui, fondant en pleurs, semble plus désolée que ne le fut jamais dame ou damoiselle. Les deux bandits se préparent à la frapper de leur épée nue et à rougir l’herbe de son sang. Elle les supplie de différer un peu sa mort, mais sans émouvoir leur pitié. Renaud arrive, et, à ce spectacle, se précipite avec de grands cris et de grandes menaces.

Les malandrins tournent les épaules, du plus loin qu’ils voient que l’on vient au secours de leur victime, et se dérobent dans la vallée profonde. Le paladin n’a nul souci de les poursuivre ; il va droit à la dame et s’informe pour quelle grande faute elle a mérité une telle punition. Et, pour gagner du temps, il la fait prendre en croupe par son écuyer ; puis il regagne le sentier.

Tout en chevauchant, il la regarde plus attentivement ; elle était très belle et de manières accortes, bien qu’elle fût tout épouvantée de la peur qu’elle avait eue de mourir. Après qu’on lui eut demandé une seconde fois ce qui l’avait réduite à un si malheureux sort, elle commença d’une voix humble à raconter ce que je veux réserver pour l’autre chant.