Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/178

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Elle fit la rencontre d’un chevalier gascon qui revenait directement du camp africain, où il avait été fait prisonnier le jour de la grande bataille livrée devant Paris. Elle l’interrogea longtemps, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée à ses fins. Elle lui demanda des nouvelles de Roger, et s’en tenant à lui, elle ne sortit plus de ce sujet de conversation.

Le chevalier lui en donna des nouvelles exactes, car il connaissait très bien toute cette cour. Il lui raconta le combat que Roger avait soutenu seul à seul contre le redoutable Mandricard, comment il l’avait tué, après en avoir reçu une blessure qui le tint pendant plus d’un mois en danger de mort. Si son histoire s’était bornée là, il aurait donné la véritable excuse de Roger.

Mais il ajouta qu’il y avait au camp une damoiselle, nommée Marphise, qui n’était pas moins belle que vaillante et experte à toutes les armes ; qu’elle aimait Roger et que Roger l’aimait ; qu’on les voyait rarement lui sans elle et elle sans lui, et que chacun croyait qu’ils s’étaient donné leur foi ;

Que le mariage devait se célébrer dès que Roger serait guéri, et que chacun des deux rois, ainsi que tous les chefs païens en éprouvaient un grand plaisir, car ils connaissaient la valeur surhumaine de l’un et de l’autre, et ils espéraient qu’il en sortirait une race d’hommes de guerre la plus vaillante qui fût jamais sur terre.

Le Gascon croyait dire vrai ; car dans l’armée des Maures c’était l’universelle croyance, et l’on