Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/183

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de monter, et cette lance d’or qui faisait vider la selle à tous les cavaliers qu’elle touchait. Astolphe la lui avait donnée. Je n’ai pas besoin de vous répéter à quelle occasion, ni où, ni quand, pas plus que de vous redire de qui il l’avait eue auparavant. Elle la prit, sans toutefois connaître sa puissance stupéfiante.

Sans écuyer, sans compagnon, elle descendit de la montagne et prit le plus court chemin vers Paris, devant lequel elle croyait qu’était le camp sarrasin, car la nouvelle ne s’était pas encore répandue que le paladin Renaud, avec l’aide de Charles et de Maugis, avait fait lever le siège de Paris.

Elle avait laissé derrière elle le pays et la cité de Cahors, les monts où naît la Dordogne, et elle découvrait les environs de Montferrand et de Clermont, quand elle vit venir sur la même route qu’elle une dame au doux visage, ayant un écu attaché à l’arçon de sa selle. Trois chevaliers marchaient à ses côtés.

D’autres dames et des écuyers suivaient à la file et formaient une troupe nombreuse. En passant à côté de l’un d’eux, la fille d’Aymon lui demanda qui était cette dame, et celui-ci lui dit : « Cette dame, envoyée comme messagère au roi du peuple français, est venue par mer de l’Ile Perdue, située près du pôle arctique.

« Les uns nomment ce pays l’Ile Perdue, d’autres l’appellent Islande. La reine de cette île, qui est d’une beauté telle que le ciel n’en a accordé de pareille qu’à elle, envoie à Charles l’écu que vous