Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/19

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son mieux le cheval et lui-même contre un guerrier qui lui donne une telle besogne, que j’espère bien ne pas tarder à être vengée. »

À ce récit, Roger est soudain sur pieds. Il s’était contenu pour l’écouter jusqu’au bout. Se tournant vers Richardet, il lui demande, pour prix du service qu’il lui a rendu — et cela avec des prières sans fin — de le laisser aller seul avec la dame, jusqu’à ce qu’elle lui ait fait voir le Sarrasin qui lui a enlevé des mains le bon destrier.

Bien qu’il semble peu loyal à Richardet de laisser à un autre le soin de terminer une affaire qui lui incombe,il finit cependant par se rendre aux prières de Roger ; celui-ci prend aussitôt congé de ses compagnons, et s’éloigne avec Hippalque, laissant les chevaliers non pas seulement émerveillés, mais stupéfaits de sa vaillance.

Quand ils furent à une certaine distance, Hippalque.lui raconta qu’elle était envoyée vers lui par celle qui portait son image gravée au plus profond du cœur. Et, sans plus feindre, elle lui dit tout ce que sa maîtresse l’avait chargée de dire, ajoutant que si elle avait d’abord parlé d’une autre façon, c’était à cause de la présence de Richardet.

Elle dit que celui qui lui avait pris le destrier avait ajouté d’un air plein d’orgueil : « Puisque je sais que le cheval est à Roger, je le prends encore plus volontiers justement à cause de cela. S’il a envie de le ravoir, fais-lui savoir — car je ne tiens pas à le lui cacher — que je suis ce Ro-