Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/192

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« C’est ici qu’il la cachait. Son père lui avait fait don de ce castel, et il en sortait rarement. Il avait avec lui dix des meilleurs chevaliers de France. Il s’y trouvait, lorsqu’un jour le brave Tristan y arriva, en compagnie d’une dame qu’il avait délivrée peu d’heures auparavant des mains d’un géant féroce qui l’entraînait de force.

« Lorsque Tristan arriva devant e castel, le soleil avait déjà tourné les épaules vers les rivages de Séville. Le chevalier demanda l’hospitalité, car il n’y avait aucune autre habitation à dix milles à la ronde. Mais Clodion, aussi jaloux qu’amoureux, avait décidé qu’aucun étranger, quel qu’il fût, n’entrerait dans le château, tant que sa belle dame y serait.

« Les prières réitérées du chevalier n’ayant pu lui faire ouvrir la porte, il s’écria : « Ce que a tu n’as pas voulu accorder à mes prières, j’espère l’obtenir malgré toi. » Et il défia Clodion et les dix guerriers qui étaient avec lui, s’offrant. d’un air altier, à lui prouver, la lance et l’épée en main, qu’il n’était qu’un discourtois et qu’un vilain.

« Il lui posa comme conditions du combat que s’il le jetait à terre en restant lui-même en selle, il logerait seul dans la Roche, et que tous les autres en sortiraient. Plutôt que de souffrir une pareille insulte, le fils du roi de France n’hésite pas à risquer la mort. Mais sous un rude choc il tombe à terre, de même que tous les autres, et Tristan les met ainsi dehors.

« Entré dans la Roche, il y trouve la dame si