Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/201

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produites. Ceux qui les ont peintes, les ont aussi devinées. Vous pourrez voir ici toutes les victoires, toutes les défaites que nos compatriotes remporteront ou subiront en Italie.

« Toutes les guerres heureuses ou malheureuses que les Français doivent faire au delà des Alpes, à partir de son époque jusqu’en l’an mille, Merlin, le prophète, les a réunies dans cette salle. Il avait été envoyé par le roi de Bretagne au roi de France, qui succéda à Marcomir. Je vous dirai en peu de mots pourquoi il lui avait été envoyé, et pourquoi ce travail fut accompli par Merlin.

« Le roi Pharamond, qui franchit le premier le Rhin avec l’armée franque pour entrer en Gaule, après avoir occupé ce pays, songea à subjuguer l’orgueilleuse Italie, car il voyait de jour en jour l’empire romain s’affaiblir. Dans cette intention, il voulait s’allier avec Artus de Bretagne, car ils vivaient à la même époque.

« Artus qui n’avait jamais rien entrepris sans prendre l’avis du prophète Merlin — je parle de Merlin, le fils du démon, qui prévoyait l’avenir — sut par lui, et fit savoir à Pharamond, à quels périls s’exposeraient ses gens s’ils pénétraient dans le pays que l’Apennin, la mer et les Alpes enserrent.

« Merlin lui fit voir que presque tous ceux qui, après lui, porteraient la couronne de France, verraient leurs armées détruites par le fer, par la faim, ou par la peste, et qu’ils trouveraient en Italie peu de sujets d’allégresse, mais de longues