Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/203

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bandonner ses logements. Voici l’armée française qui se précipite sur le vin lombard, et, prise comme le poisson à l’amorce, y trouve la mort et la honte.

« Voici Childebert qui conduit en Italie quantité de capitaines et de gens de France. Pas plus que Clovis il ne peut se vanter ni se glorifier d’avoir dépouillé ou vaincu la Lombardie, car l’épée du ciel fait des siens un tel carnage, que toutes les routes en sont couvertes. La chaleur et la dysenterie les achèvent, de sorte qu’à peine un sur dix s’en retourne sain et sauf. »

Puis il montre Pépin, et puis Charles qui descendent l’un après l’autre en Italie. Tous les deux sont heureux dans leur entreprise, car ils ne sont pas venus pour lui nuire. Le premier est accouru au secours du pape Étienne ; le second défend Adrien, puis Léon. L’un dompte Astolphe ; l’autre met en déroute et fait prisonnier le successeur d’Astolphe, et rend au pape tous ses honneurs.

Il leur montre ensuite un jeune Pépin dont les gens semblent couvrir tout le pays depuis les bouches du Pô jusqu’aux lagunes de l’Adriatique. Il construit à grands frais et avec de grandes fatigues un pont qui rejoint Malamocco à Rialto, et sur lequel il engage la bataille. Puis le voilà qui s’enfuit, laissant les siens engloutis par les eaux, le vent et la mer ayant brisé le pont.

« Voici Louis, le Bourguignon, que l’on voit vaincu et pris à l’endroit même où il descend ; et celui qui l’a fait prisonnier lui fait jurer qu’il