Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/264

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Arrivée le soir même en un château situé sur la route de Paris, elle y avait appris qu’Agramant, mis en déroute par son frère Renaud, s’était réfugié dans Arles. Certaine que son Roger était avec lui, elle prit, dès que la nouvelle aurore apparut au ciel, le chemin de la Provence où elle avait entendu dire aussi que Charles poursuivait son ennemi.

Comme elle gagnait la Provence par la route la plus droite, elle rencontra une damoiselle, belle de figure et accorte de manières, bien qu’elle fût fort affligée et toute en larmes. C’était cette gente damoiselle, férue d’amour pour le fils de Monodant, et qui avait laissé son amant prisonnier de Rodomont.

Elle s’en venait ; cherchant un chevalier qui fût habitué à combattre, comme une loutre, aussi bien dans l’eau que sur terre, et assez hardi pour affronter le païen. L’inconsolable amie de Roger, abordant cette autre amante inconsolée, la salue courtoisement, et lui demande la cause de sa douleur.

Fleur-de-Lys la regarde, et il lui semble voir le chevalier dont elle a besoin. Elle commence à lui parler du pont dont le roi d’Alger intercepte le passage. Elle lui dit que son amant avait essayé en vain de l’en chasser ; non point que le Sarrasin fût plus fort, mais parce que son astuce avait été favorisée par l’étroitesse du pont et par le fleuve.

« Si tu es — disait-elle — aussi hardi et aussi