Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/270

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il avait l’image dans le cœur. Par aventure, il apprit des le début de ses recherches — je ne saurais dire par qui — qu’elle était retournée dans son pays. Aussitôt, aiguillonné, éperonné par l’amour, il se mit à suivre ses traces. Mais je veux revenir à la fille d’Aymon.

Dès qu’elle eut fait poser une seconde inscription portant comment le passage avait été rendu libre par elle, elle demanda affectueusement à Fleur-de-Lys, dont le cœur était toujours affligé, et qui se tenait la figure basse et toute en larmes, de quel côté elle voulait diriger ses pas. Fleur-de-Lys répondit : « Je désire, prendre le chemin d’Arles, et aller au camp.sarrasin.

« J’espère y trouver un navire et une bonne escorte pour traverser la mer. Mon intention est de ne point m’arrêter, tant que je n’aurai pas rejoint mon seigneur et mon mari. Je veux tenter tous les moyens possibles pour le tirer de prison. Si Rodomont vient à ne pas remplir la promesse qu’il t’a faite, j’essaierai encore autre chose. »

« Je m’offre — dit Bradamante — à t’accompagner quelque temps sur la route, jusqu’à ce que tu voies Arles devant toi. Là, pour l’amour de moi, tu iras trouver Roger qui appartient au roi Agramant, et qui remplit de son nom toute la terre. Tu lui rendras le bon destrier sur lequel était monté l’altier Sarrasin quand je l’ai abattu.

« Tu lui diras exactement ceci : un chevalier qui se croit en mesure de prouver et d’établir clairement aux yeux de tous que tu as manqué à