Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/277

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ture est mauvaise, et qu’elle est aidée par l’habitude, il est bien difficile de la changer.

On vit de nombreux exemples de courtoisie et de grandeur d’âme parmi les antiques guerriers, et fort peu parmi les modernes. En revanche nous trouvons parmi ces derniers beaucoup d’exemples de faits honteux. Ô Hippolyte, dans cette guerre où vous ornâtes nos églises des drapeaux enlevés aux ennemis, et où vous ramenâtes captives vers les rivages de votre patrie, leurs galères chargées de butin,

Tous les actes cruels et inhumains dont aient jamais usé les Tartares, les Turcs et les Maures, furent surpassés par les soldats que Venise avait à sa solde, et dont les mains scélérates se couvrirent d’opprobre, contre la volonté des Vénitiens qui donnèrent toujours l’exemple de la justice. Ces mercenaires étaient allumés d’une telle fureur, qu’ils brûlèrent jusqu’à nos propres villes et nos belles maisons de plaisance.

Cette vengeance brutale fut surtout exercée contre vos ordres. Vous étiez alors auprès de l’empereur, pendant qu’il tenait Padoue étroitement assiégée. Non seulement vous aviez interdit d’allumer aucun incendie, mais encore vous fîtes éteindre souvent les flammes sous lesquelles se consumaient les villages et les temples. Ainsi l’exigeait la courtoisie que vous apprîtes dès votre naissance.

Je ne veux point rappeler ici tout cela, ni tant d’autres méfaits dus à une brutalité et à une