Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/33

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jamais montré, il frappe Roger sur son casque.

Roger s’incline jusque sur le cou de son destrier. Lorsqu’il veut se relever, il ne peut, car il est atteint par un nouveau coup que lui porte le fils d’Ulien. Si son casque n’eût pas été d’une trempe aussi dure que le diamant, il aurait été fendu jusqu’au menton. Roger, suffoqué, ouvre les deux mains, abandonnant les rênes et son épée.

Son destrier l’emporte à travers la campagne ; derrière lui Balisarde reste à terre. Marphise, qui ce jour même avait été sa compagne d’armes, frémit, et s’indigne de voir qu’un seul soit ainsi attaqué par deux à la fois. La magnanime et vaillante guerrière se dresse contre Mandricard, et, faisant appel à toute sa vigueur, elle le frappe à la tête.

Rodomont se précipite à la poursuite de Roger, et Frontin va lui appartenir comme au vainqueur, si un autre adversaire n’intervient. Mais Richardet, suivi de Vivian, accourt en toute hâte et se jette entre Roger et le Sarrasin. L’un heurte Rodomont, le fait reculer et l’entraîne de force loin de Roger. L’autre, c’est-à-dire Vivian, place sa propre épée dans la main de Roger, qui a déjà repris ses sens.

Aussitôt que le brave Roger est revenu à lui, et qu’il tient l’épée que Vivian lui présente, il n’est pas long à venger son injure. Il fond sur le roi d’Alger, rapide comme le lion débarrassé des cornes du taureau, et qui ne sent plus la douleur. L’indignation, la colère stimulent, fouettent son désir d’une prompte vengeance.

Roger s’abat comme la tempête sur la tête du