Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/135

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cas amoureux, et il veut savoir de lui comment il se fait que Renaud, qui jadis avait le cœur si dur, l’a maintenant si sensible. Alors il apprend l’histoire de ces deux sources, dont l’une attise le feu, tandis que l’autre l’éteint ; il apprend que le mal causé par l’une des deux ne peut être guéri par rien, si ce n’est par l’eau de l’autre.

Il apprend aussi comment Renaud, ayant bu d’abord à celle des deux sources qui chasse l’amour, se montra si obstinément rebelle aux longues prières d’Angélique la belle ; mais ayant été plus tard amené par sa mauvaise étoile à boire à l’autre source qui donne l’amoureuse ardeur, Renaud se mit à aimer celle qui jusque-là lui avait déplu au delà de toute raison.

Il fut vraiment poussé par sa mauvaise étoile et le destin cruel à boire la flamme dans cette source glacée ; car, presque au même moment, Angélique s’en vint boire à l’autre source qui rendit son cœur si inaccessible à l’amour, que, depuis, elle se mit à fuir Renaud comme un serpent. Quant à Renaud, il l’aimait, et l’amour était aussi fort chez lui que la haine et le dédain chez elle.

Quand le démon eut pleinement instruit Maugis sur le cas étrange de Renaud, il raconta avec non moins de détails qu’Angélique s’était donnée tout entière à un jeune Africain, et comment elle avait quitté l’Europe et s’était embarquée en Espagne, sur les galères des hardis marins catalans, pour retourner dans l’Inde.

Lorsque Renaud vint chercher la réponse de