Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/140

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moins que cet avantage pour sauver Renaud des mains du monstre cruel.

En chevalier avisé et prudent, il court au galop vers l’endroit où il a entendu la rumeur, jusqu’à ce qu’il aperçoive le monstre horrible qui a enlacé Renaud de mille nœuds, et qui couvre d’une sueur glacée le malheureux paladin, sans que celui-ci puisse s’en débarrasser. Le chevalier se précipite, frappe le monstre au flanc, et le fait tomber du côté gauche.

Mais à peine l’horrible bête a-t-elle touché terre, qu’elle se redresse, faisant tourner et siffler son long serpent. Le chevalier ne cherche plus à la frapper avec la lance ; il se décide à la poursuivre par le feu. Il saisit sa masse, et fait pleuvoir une tempête de coups partout où le serpent dresse la tête. Il ne laisse pas le temps au monstre de le saisir une seule fois.

Pendant qu’il le tient en échec, le frappe et lui fait mille blessures, il conseille au paladin de s’échapper par le chemin qui conduit au sommet de la montagne. Le paladin suit ce conseil, et prend le chemin qui lui est indiqué, et bien que la colline soit âpre et rude à escalader, il s’éloigne, sans retourner la tête, jusqu’à ce qu’on l’ait perdu de vue.

Le chevalier, après avoir contraint le monstre infernal de retourner à son antre obscur, où il se ronge de rage et de dépit, et où il verse des pleurs inépuisables par ses mille yeux, monte derrière Renaud, afin de lui servir de guide. Il ne tarde