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Conan, à sa mort, laissa la souveraineté solidement établie dans sa famille. Son fils Geoffroi fut reconnu pour suzerain et chef universel de la nation bretonne, même par le comte de Nantes, Judicaël. Les comtés de Cornouailles, — de Léon, — de Poher, — de Porhoët, — de Goëllo, — toute la Domnonée, qui ne tarda pas à s’appeler le comté de Penthièvre, formaient les grands fiefs relevant du royaume ou duché de Bretagne, dont Rennes devint dès lors la capitale.

Geoffroi, appelé dans les actes contemporains tantôt dux, comes, princeps[1], régna donc sur toute la Bretagne : « totius Britannie monarchiam tenuit, » disent les actes de saint Gildas de Rhuys, qui le qualifient « vir in armis strenuus. » Il ne démentait pas son origine, car son père Conan, mort sur le champ de bataille de Concreuil, avait conquis par ses exploits le titre qu’il transmit à sa postérité. Aussi les Chroniques contemporaines témoignent-elles de sa vaillance et de sa réputation guerrière : « Nobilis et strenuus juvenis, » dit, en le nommant, une vieille Chronique citée par Le Baud ; et l’auteur de la Vie de saint Gildas l’appelle « vir illustris et bellicosus. »

Il est vrai que la Chronique de Nantes charge sa mémoire de forfaits et de trahisons exécrables ; mais la savante critique des bénédictins sur les sources de l’histoire de Bretagne[2] a fait justice des assertions mensongères et des fables entassées dans son récit par l’auteur de cette Chro-


    que Gurmhaëlon, qui lui succéda dans le gouvernement de la Bretagne (qui tunc monarchiam Britanine regebat), était son héritier, peut-être son fils, et que Juhel Berenger, père de Conan, était fils de Gurmhaëlon.

    Quoi qu’il en soit, Conan appartenait, sans aucun doute, à la race de Nominoë.

  1. Cf. D. Morice, Pr. I, col. 4, 34, 149, 354, 356, 358.
  2. V. dissertation ou notice insérée dans le recueil ms. des Blancs-Manteaux, vol. 45, p. 855 et suiv.