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Il y aurait peut-être moyen de concilier les assertions divergentes et de trancher la difficulté, en disant que le projet de fondation était dans la pensée du duc Geoffroi, qui n’eut pas le temps de l’exécuter. Son fils Alain, plus heureux, aurait accompli le vœu paternel.

Les termes de la charte se prêteraient à une pareille interprétation. Ils supposent, en effet, que la princesse Adèle, première abbesse de Saint-Georges, vivait depuis plusieurs années déjà dans les exercices de la vie religieuse quand fut libellé l’acte de fondation dressé en sa faveur et à sa sollicitation.

En lisant les formules de cette charte importante et vraiment intéressante par son contexte, on est frappé, presque étonné du langage empreint de sentiments élevés et délicats, traduisant la pensée du fondateur et révélant une émotion qu’on s’attendrait peu à rencontrer chez ces fiers et rudes seigneurs féodaux :

« Ma sœur, dit le duc Alain, voilà le plus précieux trésor que je possède sous le soleil ; je l’ai offerte à Dieu ; et pour combler le spirituel désir de son âme, j’ai consenti qu’elle se consacrât à lui par un vœu de perpétuelle virginité. Puis, la voyant possédée de l’amour divin, embrasser avec ardeur les saints exercices de la vie religieuse, et, par l’étude de la règle et de la science monastique, marcher dans la voie de la perfection, je lui ai fait don d’un lieu où se trouve réuni tout ce qui convient au régime de la vie régulière. Un stade, à peine, le sépare de ma cité de Rennes. Là, elle pourra, avec les saintes filles ses compagnes, servir sous la règle de saint Benoît le Seigneur Dieu et son précieux martyr saint Georges. »[1]

Le duc détaille ensuite les dons qu’il fait au nouveau monastère : c’est un domaine de médiocre étendue, mais d’un

  1. V. le Cartulaire, charte de fondation.