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Jeanne de la Barre n’ignorait pas qu’une telle condition est illicite ; mais elle entendait agir par intimidation sur sa supérieure, et elle employa dans ce but les procèdes les moins avouables. Vidée d’un de ses parents, elle obtint les Bulles d assignation pour sa pension de 400 livres, et actionna Marie de Kermeno, surtout à partir de 1513. L’abbesse se défendit avec fermeté. Les années 1348, 1349, 1330 se passèrent en procédures devant la chancellerie et le conseil de Bretagne-, requêtes, arrêts, lettres patentes, rien n’y manqua. Enfin, un arrêt du Conseil d’État termina l’affaire en faveur de Marie de Kermeno, et débouta Jeanne de la Barre de ses étranges prétentions.

Mais telle est la puissance et l’énergie de l’intrigue ! En 1332, Jeanne de la Barre n’avait pas épuisé toutes ses ressources ; elle faisait encore jouer des ressorts secrets : ainsi, elle amenait le roi Henri II à écrire en sa faveur une lettre de recommandation à l’abbesse Marie de Kermeno. C’est une curieuse preuve d’opiniâtreté dans la poursuite de l’objet des rêves de toute sa vie, la dignité abbatiale [1]

  1. Lettre du roi Henri 12 en faveur de Jeanne de la Sarre, adressée à Mme Marie de Kermeno. De par le Roy. Chere el bien amée, considerant le vieil et ancien aage ou de présent vous estes constituée au moien de quoy vous ne pounez doresnavanl si aisement vacquer et entendre, comme vous avez faict par le passé, au devoir de la charge et administration de vostre abbaye, laquelle nous desirons singullierement tomber es mains de seur Jehanne de la Barre, à qui nous en avons cy devant accordé la reserve, scachant très bien que vous ne scauriez faire meilleure ellection pour vous succéder en la dite charge que de la personne de la dicte de la Barre ; le bien et advancement de laquelle nous avons en singullière recommandation, tant pour ses bonnes mœurs, vertueuse et religieuse vye et autres louables qualitez qui sont en elle que aussi en faveur et consideration des bons et agréables services que feu son père a faictz au feu