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la bataille des trente

III

les diverses phases du combat.


Avant l’évènement final — c’est-à-dire l’écrasement des Anglais, — la bataille des Trente se développa en quatre phases successives, nettement indiquées et bien caractérisées dans le poème, pour peu qu’on sache le lire et le comprendre. Toutefois pour avoir une vue exacte du théâtre de l’évènement et de la situation des partis au début du combat, il faut recourir à Froissart qui en donne un plan très précis et très exact.

« Quand le jour fut venu dit-il, les trente compagnons Brandebourch (ou Bembro) ouïrent messe[1] puis se firent armer et s’en allèrent en la place où la bataille devoit estre. Et descendirent tous à pied, et deffendirent à tous ceux qui là estoient que nul ne s’entremit d’eux pour chose ni pour meschef qu’il vit avoir à ses compagnons[2]. »

Par les mots « tous ceux qui là estoient » il faut entendre les curieux en grand nombre venus de Josselin, de Ploërmel, de tous les lieux d’alentour pour contempler ce combat, et auxquels les Anglais interdirent expressément d’intervenir dans la bataille, quoi qu’il pût arriver. Froissart continue : « Cil trente compagnons, que nous appellerons Englois à ceste besongne, attendirent longuement les autres que nous appellerons François — Quand les trente François furent venus, ils descendirent à pied et firent à leurs commandement dessusdit[3]. »

« Leurs compagnons, » c’était les amis, les voisins, les compatriotes venus avec eux pour être témoins du combat, dans lequel les

  1. Le poème des Trente ne parle point de la messe entendue par les Anglais avant leur départ de Ploërmel, les mœurs du temps ne permettent guère de croire qu’ils aient omis cet acte de religion ; mais on ne voit point qu’ils se soient, comme les Bretons, prémunis contre les dangers de la bataille par la confession et la communion.
  2. Froissart, édition Luce, IV, p.112. Nous citons le texte littéralement en nous bornant à rapprocher de la forme moderne l’orthographe de quelques mots.
  3. Id. Ibid. p.112-113.