Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de son propre plaisir, sans pouvoir jouir du moindre repos que ses oiseaux ne reposent, et que ce petit peuple, qu’il n’aime que parce qu’il chante, ne cesse de chanter. Il retrouve ses oiseaux dans son sommeil : lui-même il est oiseau, il est huppé, il gazouille, il perche ; il rêve la nuit qu’il mue ou qu’il couve.

Qui pourrait épuiser tous les différents genres de curieux ? Devineriez-vous, à entendre parler celui-ci de son léopard, de sa plume, de sa musique, les vanter comme ce qu’il y a sur la terre de plus singulier et de plus merveilleux, qu’il veut vendre ses coquilles ? Pourquoi non, s’il les achète au poids de l’or ?

Cet autre aime les insectes ; il en fait tous les jours de nouvelles emplettes : c’est surtout le premier homme de l’Europe pour les papillons ; il en a de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Quel temps prenez-vous pour lui rendre visite ? il est plongé dans une amère douleur ; il a l’humeur noire, chagrine, et dont toute la famille souffre : aussi a-t-il fait une perte irréparable. Approchez, regardez ce qu’il vous montre sur son doigt, qui n’a plus de vie et qui vient d’expirer : c’est une chenille, et quelle chenille !

3 (I)

Le duel est le triomphe de la mode, et l’endroit