Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/24

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28 (VIII)

Un grand aime la Champagne, abhorre la Brie ; il s’enivre de meilleur vin que l’homme du peuple : seule différence que la crapule laisse entre les conditions les plus disproportionnées, entre le seigneur et l’estafier.

29 (I) Il semble d’abord qu’il entre dans les plaisirs des princes un peu de celui d’incommoder les autres. Mais non, les princes ressemblent aux hommes ; ils songent à eux-mêmes, suivent leur goût, leurs passions, leur commodité : cela est naturel.

30 (I)

Il semble que la première règle des compagnies, des gens en place ou des puissants, est de donner à ceux qui dépendent d’eux pour le besoin de leurs affaires toutes les traverses qu’ils en peuvent craindre.

3I (IV)

Si un grand a quelque degré de bonheur sur les autres hommes, je ne devine pas lequel, si ce n’est peut-être de se trouver souvent dans le pouvoir et dans l’occasion de faire plaisir ; et si elle naît, cette conjoncture, il semble qu’il doive s’en servir. Si c’est en faveur d’un homme de bien, il doit appréhender qu’elle ne lui échappe ; mais comme c’est en une chose juste, il doit prévenir la sollicitation, et n’être vu que pour être remercié ; et si elle est facile, il ne doit pas même la lui faire valoir. S’il la lui refuse, je les plains tous deux.

32 (VI) Il y a des hommes nés inaccessibles, et ce