Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/288

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avoir regardés comme leur dernière fin. Ils ont eu honte de se sauver à leurs yeux, de paraître tels qu’ils étaient peut-être dans le cœur, et ils se sont perdus par déférence ou par faiblesse. Y a-t-il donc sur la terre des grands assez grands, et des puissants assez puissants, pour mériter de nous que nous croyions et que nous vivions à leur gré, selon leur goût et leurs caprices, et que nous poussions la complaisance plus loin, en mourant non de la manière qui est la plus sûre pour nous, mais de celle qui leur plaît davantage ?

I0 (I)

J’exigerais de ceux qui vont contre le train commun et les grandes règles qu’il sussent plus que les autres, qu’ils eussent des raisons claires, et de ces arguments qui emportent conviction.

II (I)

Je voudrais voir un homme sobre, modéré, chaste, équitable, prononcer qu’il n’y a point de Dieu : il parlerait du moins sans intérêt ; mais cet homme ne se trouve point.

I2 (I) J’aurais une extrême curiosité de voir celui qui serait persuadé que Dieu n’est point : il me dirait