Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/44

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de la nouveauté ou des choses extraordinaires. Quelques-uns consentiraient à voir une autre fois les ennemis aux portes de Dijon ou de Corbie, à voir tendre des chaînes et faire des barricades, pour le seul plaisir d’en dire ou d’en apprendre la nouvelle.

II (VI)

Démophile, à ma droite, se lamente, et s’écrie : « Tout est perdu, c’est fait de l’Etat ; il est du moins sur le penchant de sa ruine. Comment résister à une si forte et si générale conjuration ? Quel moyen, je ne dis pas d’être supérieur, mais de suffire seul à tant et de si puissants ennemis ? Cela est sans exemple dans la monarchie. Un héros, un Achille y succomberait. On a fait, ajoute-t-il, de lourdes fautes : je sais bien ce que je dis, je suis du métier, j’ai vu la guerre, et l’histoire m’en a beaucoup appris. » Il parle là-dessus avec admiration d’Olivier le Daim et de Jacques Cœur : « C’étaient là des