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Page:La Bruyère - Les Caractères, t. 1, éd. Destailleur, 1854.djvu/416

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Des Grands.

l’agrément, de l’exactitude sur son devoir, de la fidélité et de l’attachement pour son maître, et il en est médiocrement considéré ; il ne plaît pas, il n’est pas goûté. Expliquez-vous : est-ce Philante, ou le grand qu’il sert, que vous condamnez ? 4

Il est souvent plus utile de quitter les grands que de s’en plaindre. 6.

Qui peut dire pourquoi quelques uns ont le gros lot, ou quelques autres la faveur des grands ? 1.

Les grands sont si heureux qu’ils n’essuient pas même, dans toute leur vie, l’inconvénient de regretter la perte de leurs meilleurs serviteurs, ou des personnes illustres dans leur genre, et dont ils ont tiré le plus de plaisir et le plus d’utilité. La première chose que la flatterie sait faire, après la mort de ces hommes uniques, et qui ne se réparent point’, est de leur supposer des endroits foibles, dont elle prétend que ceux qui leur succèdent sont très exempts ; elle assure que l’un, avec toute la capacité et toutes les lumières de l’autre, dont il prend la place, n’en a point les défauts ; et ce style sert aux princes à se consoler du grand et de l’excellent par le médiocre 2. 4.

1. Une chose se répare, non un homme. Il semble donc qu’il eût fallu ou faire rapporter le verbe à la mort, ou substituer : et qui ne se remplacent point. Mais il y a eu intention de la part de La Bruyère ; la hardiesse de l’ellipse devoit plaire à un écrivain aussi énergique. Nous avons déjà vu guérir de la beauté, p. 199.

2. Les clefs nomment Louvois pour le serviteur peu regretté, et l’application paroît frappante ; mais M. Wal-