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croisade contre les albigeois.

la parole, seigneurs, pour vous faire savoir que [2825] nous avons vu des lettres scellées envoyées par nos meilleurs amis, portant que si demain au soir nous n’avons pas forcé les croisés, il leur viendra secours et grande force de chevaliers équipés, et de sergents armés. [2830] Ils nous feront grande honte et le mal sera doublé si nous partons d’ici avant de les avoir mis en pièces. Nous avons abondance d’arbalètes et de carreaux empennés ; allons donc chercher de quoi combler les fossés[1], et hâtons-nous, de façon que l’action suive immédiatement les paroles. [2835] Allons tous ensemble chercher de la ramée et du blé[2], et apportons-en jusqu’à tant que les fossés soient emplis ; car là-dedans est la fleur des croisés, et si nous les pouvons prendre, alors sera abaissé l’orgueil de Simon de Montfort, notre ennemi juré. [2840] Maintenant, faisons voir pourquoi nous nous sommes assemblés, et allons charger[3]. »

CXXXIV.

L’ost va charger, tôt et vite, tellement qu’il n’y a chevalier, bourgeois, ni sergent, qui n’apporte sans tarder une charge à son col. [2845] Ils la jettent dans les fossés et les emplissent si bien que leurs avancées sont au pied du mur, qu’ils se mettent à creuser avec

  1. Pertrait dans le texte ; voir ci-dessus la note 2 de la p. 86.
  2. « Du blé (vert) », Fauriel. Vert ou sec, il n’est pas naturel d’employer le blé à combler des fossés ; blatz (2835) est probablement fautif.
  3. M. à m. « allons au pertrait ».